mardi 22 avril 2014

Rencontres Nationales Coexister 2014 ... Grenoble !

Les Rencontres Nationales Coexister ont eu lieu cette année dans cette jolie ville des Alpes qu'est Grenoble. Du 11 au 13 avril, ce weekend a été riche en rencontres et a renforcé notre motivation, plus que jamais convaincus de la nécessité d'apprendre à vivre ensemble, de coexister activement !!

J'y étais pour représenter le groupe marseillais mais aussi en tant qu'organisatrice avec mes autres amis services civiques. 

Voici donc quelques photos qui, j'espère, vous donnerons envie d'y participer l'année prochaine !
=) 





Jeu de piste interreligieux dans Grenoble préparé par Jacques et Djuhra



Montée en bulle, pas vraiment rassurés. 



Sur le toit de Grenoble: la Bastille


LA cérémonie tant attendue : les Coexister Awards ( tenue correcte exigée ! ).
Merci à Djuhra et Alaume pour leur prestation sans pareil !


Grenoble remporte pour la 2nde fois le prix du groupe le plus dynamique !


Résultats des Coexister Awards.


Bénamar élu BG de Coexister. Grand moment d'émotion.


Skype avec nos amis d'Interfaith Tour ( le 19 juin à Marseille !! )

Encore un grand merci à tous !!

Et merci à Nabila pour les photos.


Pauline.



mardi 21 janvier 2014

Comment débattre pour vivre ensemble ?


  
    Il est un temps où l'actualité élève nos discussions quotidiennes au rang de débat sociétal. Apparaissent alors de profondes divergences d'opinions, quelquefois même avec ceux qui nous sont les plus proches.
      On l'a récemment vu avec un thème tel que la laïcité. A ce sujet et bien que la loi ait tranché, le débat est loin d'être éteint. Il oppose une France interprétant cette notion comme l'absence de religion dans la sphère publique, à une France la considérant comme une liberté de culte dans laquelle l’État n'intervient plus.
     Ce constat conduit à nous interroger sur nos pratiques du débat sociétal afin de savoir comment vivre ensemble malgré la diversité de nos opinions.
      Faut-il se reposer sur la représentation et laisser quelques-uns décider pour nous de ce qui est juste ? Faut-il faire taire les discours jugés trop subversifs ? Faut-il froidement fustiger celles et ceux tenant des propos différents des nôtres ? Faut-il ne prendre en compte que l'avis de la majorité ou construire un consensus avec l'opposition ?
        Suivent, sans prétention de répondre définitivement à ces questionnements, quelques pistes de réflexion les concernant.



1  Du manichéisme au pluralisme.

           
    Reconnaissons-le, nous sommes influencés par un simplisme ambiant. D'aucuns instrumentalisent les peurs en appuyant leurs propos sur des exemples qu'ils tentent de faire percevoir comme des généralités majoritaires alors qu'il ne s'agit en réalité que de comportements isolés ou minoritaires. D'autres oublient, ou refusent de voir, la complexité des sujets qu'ils traitent. Ces derniers, notamment en raison de la pratique d'un certain journalisme, se limitent et s'enferment dans le politiquement correct en nous proposant des analyses, sinon erronées, assurément pas tout à fait exactes.
     Aussi devrions-nous opter pour le pluralisme. Entraînons nos esprits à s'éloigner des positions binaires que l'on nous présente que trop souvent en cherchant à nous diviser en un camp des « anti » et un camp des « pro ». De quel droit nous impose-t-on d'avoir à choisir entre deux camps prédéfinis ? Au reste, ne pouvons-nous pas  faire un choix différent de ceux-ci ?
     Outre ceci, se limiter aux approches manichéennes et au politiquement correct c'est entamer la genèse de notre aliénation. En effet, cela conduit à cesser de penser par nous-mêmes mais uniquement par les autres.
   Rappelons-nous, en somme, que personne n'est objectif. Par conséquent, diversifions nos sources d'informations pour tendre à nous éloigner des lieux communs et ce en recherchant l'analyse de justesse et de précision.

2  De l'émotivité à la pondération.

    Prenons conscience de l'émotivité de certaines de nos réactions. Nous portons quelquefois à l'égard des autres un jugement, concédons-le, un peu hâtif.
   Les réseaux sociaux illustrent parfaitement ceci. Ainsi y observe-t-on quotidiennement des échanges passionnés et sans aucune mesure qui donnent lieu à tous les excès. Parfois même nous nous risquons, sans intérêt aucun pour la problématique du débat, à y intervenir simplement en vue d'entretenir une posture d'opposition provocatrice, voir insultante, à l'encontre de celles et ceux que nous identifions comme nos ennemis.
    Premièrement, ce n'est pas respectueux de la dignité humaine. Ensuite, cela ne conduit généralement qu'à nourrir la doxa et ne fait, in fine, en rien avancer le dialogue.
 Aussi, efforçons-nous à la pondération, nuançons nos propos, prenons le temps d'étudier convenablement toutes les facettes de la problématique et nous engagerons alors une dynamique vertueuse élevant nos débats.


3 Du dogmatisme à la tolérance.

          
    Le dogmatisme peut malheureusement vite devenir le revers de nos convictions et nous faire systématiquement récuser le doute et la critique. Toutefois nous pouvons avoir tort face à n'importe qui, n'ayons pas la vanité de prétendre l'inverse.
     Le fait que quelqu'un nous contredise ne signifie pas toujours qu'il cherche à démontrer la supériorité de son discours par rapport au nôtre, mais bien souvent qu'il tente simplement de faire entendre la différence du sien.

    En conséquence, soyons tolérants envers la critique. Peut-être avons-nous plus de points de convergences que de divergences. Ladite tolérance n'est ni un double discours ni une hypocrisie. Elle ne signifie aucunement que nous renions nos propres convictions. Il s'agit en somme de comprendre ce qui nous différencie de notre prochain et ainsi d'écouter chez autrui une analyse, fusse-t-elle critique, différente de la nôtre.
   Par ailleurs, n'oublions pas que, si profondes soient nos convictions, notre perception des choses et notamment de ce qui est juste, est néanmoins sujet à évolution et demeure, du reste, très subjective.
           

4  De la diabolisation au respect du prochain.

   Inquiétons-nous de la pratique de la diabolisation en voie d'être banalisée. La diabolisation est, sinon irrespectueuse, au moins peu pertinente.
    En effet, ce mécanisme de la rhétorique est irrespectueux en ce sens qu'en y recourant nous ne répondons pas au cœur de l'argumentaire. Et pour cause, nous esquivons le débat, soit en jetant la suspicion sur notre interlocuteur pour le rendre illégitime, soit en connotant très négativement son discours afin de discréditer ce dernier.
     Or, ne pas répondre aux arguments portés au débat est irrespectueux à l'endroit de notre interlocuteur et de ceux adhérant à son propos. Cela met par ailleurs, de facto, fin à tout espoir de progression dans la discussion.
     La diabolisation est par conséquent, vulgaire et contraire au principe de la dignité humaine. Ne nous y égarons pas, elle n'est ni pertinente ni élégante. En outre, il sera toujours plus convaincant de contredire le fond de l'argumentaire que de mettre en doute des éléments quant à sa forme.




Allons, un peu d'optimisme !

     Cherchons enfin ce qui nous rassemble au lieu de rester apeurés par ce qui nous différencie. Il est possible de vivre ensemble : par le débat critique constructif et respectueux, par la recherche fraternelle d'un consensus sociétal et par le partage et la coexistence des cultures.

Antoine Viudes.

mardi 7 janvier 2014

Le conflit Israëlo-palestinien en trois BD.



La bande dessinée peut-elle se saisir et traiter de sujets aussi sombres et complexes que le conflit israélo-palestinien?
La multiplication des publications autour de ce thème ces dernières années ne laisse pas place au doute : le 8ème art peut traiter de tout et  SURTOUT de la guerre.
Il donne à voir et à lire, permettant à l’auteur de multiplier les nuances et offrir une approche ouverte d’un thème souvent pris au piège de sa propre complexité. On se délecte de l’humour propre au genre tout en prenant conscience de la gravité du sujet. Trois ouvrages ont retenus mon attention. S’ils traitent du même sujet, leur singularité permet d’aborder le conflit israélo-palestinien de manière différente à chaque fois. : parfois avec humour, tendresse parfois avec révolte et toujours avec la même envie d’éveiller la curiosité de son lecteur et de l’informer sur une situation dont l’ignorance se veut justifiée par la complexité


Les amandes vertes, lettres de Palestine d’Anaële et Delphine Hermans.



Les amandes vertes, Lettres de Palestine a été réalisé et écrit par Delphine et Anaële Hermans, deux soeurs qui se sont partagés le travail entre écriture et illustration.
C’est une bande dessinée qui met en récit et images les lettres qu'Anaële et Delphine se sont envoyées pendant le séjour d'Anaële en mission en Palestine pour 10 mois.
Originaire de Belgique, vous vous doutez que le dépaysement est total quand Anaële arrive et découvre un pays déchiré de parts et d'autres. Rapidement une situation politique se dessine pour Anaële comme pour le lecteur qui découvre la réalité d'une colonisation moderne sans jamais être confronté à une vision manichéenne. Il n'y a pas de méchants israéliens ou de bons palestiniens, juste Anaële qui d'un territoire à l'autre, à travers des rapports humains, comprend la complexité de la situation.
Si la souffrance du peuple Palestinien  nous émeut à travers le personnage de Madji, l’ouvrage ne tombe jamais dans le militantisme et raconte une histoire d'amour sous  fond de découverte de deux peuples et deux cultures. La gravité de la situation est équilibrée par la légèreté du genre (la BD)  et également par le prisme de l'intime grâce à la lettre. C'est une BD pleine d'humour et de fraicheur dans laquelle se dessinent sur une terre de conflit et de déchirure, les rapports les plus humains qui puissent exister.


  

Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden




Le titre se veut doucement ironique.  Non, Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) n’est pas le nouveau « Israël pour les nuls » mais le récit imagé d’une jeune fille un peu rebelle pleine de certitudes très vite ébranlées par la réalité d’une situation qu’elle découvre et donne à voir à son lecteur.

Sarah, une jeune américaine d’origine juive, entreprend un voyage organisé dans le cadre du « Taglit », programme permettant aux jeunes juifs du monde entier de se rendre en Israël. Pour elle, en conflit avec sa judéité, c’est avant tout l’occasion de mettre en lumière les véritables motivations des organisateurs. Elle cherche les détails qui trahiraient la propagande déguisée de ce programme et de ses acteurs.
Cependant le voyage prend peu à peu l’allure d’une remise en question fondamentale, personnelle et universelle ; un voyage initiatique en somme ponctué de rencontres qui une à une détruisent ses certitudes sur sa religion, sa citoyenneté et sur la réalité du conflit israelo-palestinien mais aussi sur son couple et son implication dans le monde dans lequel elle vit.
Que faire des discours diffusés  dans les médias occidentaux quand le contact devient humain ?  Sarah traverse le pays de la mer morte, aux kibboutz, en passant par les hauts lieux touristiques en posant un constant regard sceptique. C’est encore une fois un ouvrage qui contourne la vision manichéenne d’un conflit ultra-médiatisé et qui plus que des réponses ouvre le champ des interrogations, des bonnes interrogations. 

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle.



Vous n'êtes certainement pas passé à côté de cette BD de Guy Delisle récompensée d'un Fauve d'Or à Angoulême en 2012. Il s'agit certainement de l'ouvrage le plus complet et le plus "historique" des trois. Si l'auteur n'a pas pour but de jouer les professeurs de géopolitique il n'en est pas moins très précis dans ses descriptions puisque le protagoniste est lui même auteur.  Il note, dessine et commente ce qu'il voit tout au long de son année passée en Israël.
Cartes, rappels historiques, explications bibliques... tout y est pour comprendre ce qui se joue dans le conflit israélo-palestinien.
Ce qui est remarquable d'autre part ( et surtout ) dans cet ouvrage c'est la candeur du personnage, parfois comique, parfois touchant, qui pose un regard étonné et interrogateur sur tout ce qu'il découvre.
Il rompt les clichés, dévoile l'absurdité de certains aspects du conflit mais dessine aussi les contours d'une société riche et diversifiée dont les membres apprennent à vivre ensemble.






Ces trois BD ont pour dénominateur commun la nuance. Il n'y a pas de parti pris radical mais une déconstruction progressive des clichés à travers le regard parfois candide parfois désabusé de personnages mis face à une réalité complexe. Les auteurs ont choisi d'interroger plutôt que d'apporter des réponses et c'est peut-être par là qu'il faut commencer pour comprendre ce qu'il se joue en Israël-Palestine.

Bonne lecture !

Pauline B.